ce rituel d’instruction carbonari m’a été transmis sans aucune autre précision....
au regard de celui que j’ai publié ensuite ( voir dans RITUEL CARBONARI -1821 [Grade d’Apprenti] ---Constitution et Organisation des Carbonari de M.Saint-Edme ) on remarquera des oublis , mais aussi des différences....
RITUEL D’ INSTRUCTION CARBONARI
D. -Où avez-vous été reçu ?
R. -Sur le petit drap d’une chambre d’honneur.
D. -Où vous a-t-on fait passer ?
R. -Au milieu d’une forêt, sur le siège d’un four, sur des charbons allumés par trois bons cousins et dans une chambre d’honneur .
D. -Qu’y avez-vous observé ?
R. -Un tronc d’arbre sur lequel étaient posées cinq bases en bon ordre.
D. -Que signifie le tronc d’arbre ?
R. -Le ciel et la rotondité du monde.
D. -Quelles sont les cinq bases ?
R. -Le petit drap, l’eau, le feu, le sel et le Christ.
D. -Que signifie le petit drap ?
R. -Celui qui servit à nous recevoir, à nous essuyer, à nous envelopper en venant au monde.
D. -Que signifie l’eau ?
R. -Qu’elle servit à me laver et à me purifier.
D. -Que signifie le feu ?
R. -Qu’il servit à me sécher et à m’éclairer dans mes premières obligations.
D. -Que signifie le sel ?
R. -L’honneur qui assainit et purifie les actions des hommes.
D. -N’avez-vous rien observé de plus ?
R. -J’ai vu quelques bûches, un peu de terre, quelques feuilles, du fil, une couronne d’épines blanches et quelques rubans.
D. -Que signifient les bûches et à quoi servent-elles ?
R. -La principale matière du fourneau et qui sert à le chauffer .
D. -A quoi servent les feuilles ?
R. -A couvrir la fournaise.
D. -A quoi sert la terre ?
R. -A couvrir et éteindre les braises.
D. -Que signifie le fil ?
R. -Celui qui unit tous les bons cousins.
D. -Que signifie la couronne d’épines blanches ?
R. -Les infortunes qu’éprouve, en notre temps, la très sainte liberté.
D. -Que signifient les rubans ?
R. -Les attributs de la charbonnerie.
D. -De quelle couleur sont-ils ?
R. -Bleu, rouge et noir .
D. -Que signifie le bleu ?
R. -La fumée du fourneau.
D. -Que signifie le noir ?
R. -Le charbon de la fournaise.
D. -Que signifie le rouge ?
R. -Le feu du fourneau.
D. -Etes-vous apprenti charbonnier ?
R. -Je le crois et je puis faire le charbon avec le consentement de mes maîtres.
D. -A quoi devez-vous travailler de jour comme de nuit ?
R. -Aux travaux des bons cousins afin de parvenir à être digne de mes aînés.
D. -Qu’observâtes-vous quand on vous plaça dans une caverne ?
R. -J’entendis des paroles et un battement de pieds.
D. -Quelles sont ces paroles ?
R. -A l’Avantage, une fois ! à l’Avantage, deux fois ! à l’Avantage, trois fois !
D. -Qu’ont apporté ceux qui vous ont découvert ?
R. -Du bois, de la terre et des feuilles.
D. -Que signifie l’index, présenté horizontalement ?
R. -L’entrée dans la vente et dans l’Ordre.
D. -Que signifie le chapeau ?
R. -Le fourneau couvert.
D. -Que signifie-t-il renversé ?
R. -Le fourneau qui a besoin de travail.
D. -Que signifie le doigt au milieu du chapeau, comme si l’on voulait s’en servir pour faire un trou ?
R. -Le feu qui se fait dans le fourneau.
D. -Que signifie le noir du chapeau ?
R. -Le charbon de la fournaise.
D. -Combien sont évalués les fonds d’un bon cousin ?
R. -Soixante-six livres et trois deniers.
D. -En quoi consistent ces fonds ?
R. -En une baraque, un fourneau, un jardin et une pierre de comparaison.
D. -Combien la baraque ?
R. -Vingt livres.
D. -Combien le fourneau ?
R. -Trente livres.
D. -Combien le jardin ?
R. -Seize livres.
D. -Combien la pierre de comparaison [ la branche de houx] ?
R. -Trois deniers.
D. -A quoi sert la pierre de comparaison ?
R. -A éloigner et reconnaître tout profane, et à distinguer les bons cousins. Quand il y a des profanes, l’on dit : « Il fait du vent et de la fumée. » Et s’il se fait quelque demande par un bon cousin et que l’on ne comprenne pas ce qu’il veut dire, on répond : « Je me soumets ! »
D. -Que pousse-t-il dans le jardin des bons cousins ?
R. -Du persil, du cerfeuil et de l’oseille.
D. -Pourquoi ces trois herbes ?
R. -Pour montrer la sobriété, la tempérance et la frugalité des bons cousins.
D. -A quelle heure doit être prête la soupe des bons cousins ?
R. -A toute heure, parce qu’il peut leur arriver des bons cousins.
D. -Quelle doit être leur occupation ?
R. -Le travail.
D. -Si un bon cousin est attaqué, avec quoi doit-il frapper le païen ?
R. -Avec la hachette ou le poignard.
D. -Où doit-il le frapper ?
R. -Entre les yeux et le crâne.
D. -Et si l’ennemi s’enfuit ?
R. -Entre les deux épaules.
D. -Quels sont les trésors d’un bon cousin ?
R. -La forêt, la hache et la branche de houx
D. -A quoi servent les signes ?
R. -A confirmer la réception des bons cousins et pour honorer saint Théobald.
D. -Où êtes-vous ?
R. -Entre le Ciel et la Terre.
D. -Quel est votre père ?
R. -Le Ciel.
D. -Quelle est votre mère ?
R. -La Terre, qui me nourrit et dans laquelle je dois retourner .
D. -Quel est votre parrain ?
R. -(On montre le pouce).
D. -Qui sont les témoins ?
R. -(On montre les deux doigts qui le suivent).
D. -Etes-vous content d’être bon cousin ?
R. -Je suis extrêmement satisfait d’avoir été reconnu bon cousin.
D. -A quelle fin ?
R. –Par le zèle de m’instruire, par l’amitié que j’ai vouée aux bons cousins et par le désir de les secourir dans leurs besoins.
D. -Quel est le plus grand plaisir des bons cousins ?
R. -C’est celui de pouvoir secourir et aider.
D. -Quelle est la devise des bons cousins en paroles sacrées ?
R. -Foi, Espérance, Charité.
D. -Pourquoi dites-vous Foi ?
R. -Parce que nous devons croire aux vertus de l’Action.
D. -Pourquoi Espérance ?
R -Parce que nous devons espérer qu’un jour nous reverrons la Liberté.
D. -Pourquoi Charité ?
R. -Parce que nous devons exercer cette vertu avec les profanes et par-dessus tout avec les bons cousins.
D. -Quelle est la parole de la vente ?
R. -Honneur, vertu, probité.
D. -Quel est le mot d’ordre ?
R. -Il change chaque mois.
D. -Comment s’appelle la fourchette ?
R. -Le rateau.
D. -Comment s’appelle la cuillère ?
R. -La pelle.
D. -Comment s’appelle le couteau ?
R. -La hachette.
D. -Comment s’appelle le verre ?
R. -Le van.
D. -Comment s’appelle le pain ?
R. -Le charbon.
D. -Comment s’appelle le vin ?
R. -La bonne braise.
D. -Comment s’appelle le sel ?
R. -La Terre.
D. -Comment s’appelle l’eau ?
R. -La mauvaise braise.
D. -Comment se fait l’accueil aux bons cousins ?
R. -Avec un van plein de braise.
Le père-maltre précise :
Voici maintenant les moyens de reconnaissance.
« La Parole sacrée : Foi, Espérance, Charité.
« Le Mot d’ordre qui se donne chaque mois, de bouche à oreille et ne s’écrit jamais.
« Le Signe de demande : Vertical des deux mains fermées, le pouce élevé, descendant verticalement des deux épaules aux deux hanches.
« A quoi l’on répond : mouvement double et croisé des deux mains à la fois fermées, le pouce élevé de la gauche à la droite, horizontalement en se décroisant, et vice versa. »
D’autres modes de reconnaissance plus simples, imités de ceux de la franc-maçonnerie, furent dictés par la suite.