Instruction du fendeur du devoir ou carbonaro ancien
(tiré du Rituel de la maçonnerie forestière par J-M Ragon)
D. D’où venez-vous, cousin Duchêne ?
R. De la forêt , Père-Maître.
D. Que venez-vous d’y faire ?
R. Du mal en apparence, qui se changera bientôt en bien. Bonne vie, Père-Maître, et à tous les bons cousins et bons compagnons Fendeurs ! et à l’avantage !
D. Qui vous oblige au travail ?
R. La terre qui, en m’ouvrant ses entrailles, m’invite à la cultiver pour trouver ma subsistance.
D. Avez-vous déjà travaillé au chantier ?
R. Oui, Père-Maître.
D. Quelle en est la preuve ?
R. Mon père et ma mère me sont connus.
D. Où est votre père ?
R. (Lever les yeux au ciel).
D. Où est vote mère ?
R. (Baisser les yeux vers la terre).
D. Que rendez-vous à votre père ?
R. Des hommages et des respects.
D. Et à votre mère ?
R. Mes soins pendant ma vie, mon corps après.
D. Où vous a-t-on trouvé ?
R. Dans la forêt.
D. Que vous a-t-on fait ?
R. On m’a dépouillé presque entièrement.
D. Vous a-t-on rendu ce qu’on vous avait pris ?
R. Oui, avec usure.
D. Pourquoi ?
R. Parce que j’avais du courage.
D. Qu’avez-vous fait du malfaiteur ?
R. Un ami.
D. En êtes-vous fâché ?
R. Non, il mérite de l’être.
D. Qu’avez-vous fait au chantier ?
R. J’ai coupé, fendu, porté, empilé du bois.
D. N’en imposez-vous pas ?
R. J’ai prêté serment.
D. Avez-vous été récompensé de vos travaux ?
R. Par le pain et le vin de l’hospitalité, cinq sous, la couronne et le siège d’honneur.
D. Qui vous a procuré d’être ici ?
R. Mon parrain et ma marraine.
D. Les connaissez-vous ?
R. Oui. (Regarder l’épaule droite, ensuite la gauche).
D. Qu’ont-ils faits pour vous ?
R. Ils ont répondu de mon courage et de mon activité aux bons cousins et compagnons Fendeurs.
D. Que leur rendez-vous ?
R. De la reconnaissance.
D. Avez-vous vu le Père-Maître ?
R. Oui, à l’Orient du chantier.
D. A quoi l’avez-vous reconnu ?
R. A son cordon.
D. Où sont les quatre coins de la vente ?
R. (Montrer les quatre doigts de la main).
D. Avez-vous la clé du chantier ?
R. (feindre de donner un coup de hache à un arbre).
D. Que signifie cela ?
R. Que la force m’a fait entrer ici.
D. Par où êtes-vous entré au chantier ?
R. Par le pied cormier.
D. Montrez-moi le coin du bon cousin ?
R. (Trois doigts de la main droite en bas).
D. Et le passe-partout ?
R. (Feindre d’écrire).
D. Connaissez-vous la cognée ?
R. (Feindre de fendre une bûche à deux mains).
D. Et la hache ?
R. (Feindre de frapper avec une hache).
D. Et le charpentier ?
R. (Feindre de planer à deux mains un échalas avec une plane).
D. Quel est l’arbre le plus haut ?
R. (Mettre les mains par-dessus la tête).
D. Le plus touffu ?
R. (Toucher ses cheveux).
D. Le plus couvert ?
R. (Montrer sa tête couverte).
D. L’arbre à dix branches ?
R. (Montrer les mains, les doigts ouverts).
D. A dix branches croisées ?
R. (Joindre les mains)
D. L’arbre fourchu ?
R. (Lever les bras en l’air).
D. L’arbre noué ?
R. (Montrer les genoux).
D. L’arbre tortu ?
R. (Ployer la jambe droite).
D. Montrez-moi le tronc de l’arbre ?
R. (Montrer le buste).
D. Les racines ?
R. (Id. les pieds).
D. Les grosses branches ?
R. (Id. les bras).
D. La tête ?
R. (Id. sa tête).
D. Les feuilles ?
R. (Id. ses habits).
D. Qu’avez-vous trouvé dans le chantier ?
R. Bons cousins et bons compagnons Fendeurs, ardents au travail, courageux et charitables.
D. Si j’ai besoin de secours, que me donnerez-vous ?
R. Je partagerai avec vous ma journée, quand je l’aurai gagnée, mon pain de douleur ; nous brûlerons ensemble mon sac de copeaux et je vous logerai dans ma cabane.
D. Si l’on veut me faire du mal, que ferez-vous ?
R. Je vous défendrai jusqu’à la mort.
D. Etes-vous content d’être avec nous ?
R. Oui, Père-Maître.